Au cœur du grand marché du livre français, la question de la place des maisons d’édition indépendantes appelle à dépasser les seuls chiffres pour toucher à l’essence même de la création littéraire : sa diversité, sa capacité à surprendre, à bousculer et à reconfigurer notre regard sur le monde. Si l’édition française fascine aussi largement, c’est parce qu’elle bâtit depuis longtemps sur l’équilibre mouvant entre puissance industrielle et artisanat passionné.
Dans les rayons, entre le dernier best-seller Gallimard et le roman social d’un micro-éditeur, se joue une partition où chaque acteur occupe un rôle singulier. Mais qu’entend-t-on exactement par « maison d’édition indépendante » ? Selon le Syndicat national de l’édition (SNE), une maison indépendante est une structure éditoriale qui ne dépend ni d’un grand groupe ni d’un actionnaire majoritaire extérieur au secteur, et dont la ligne éditoriale est autonome. En France, ce tissu d’éditeurs, parfois centenaires, parfois fraîchement installés, façonne le paysage littéraire à sa manière – souvent minoritaire en chiffres, mais immense en portée culturelle.